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Ada, Nantene et Madina, trois femmes d’action

08 mars 2017


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Ada Bocum Sow, gérante de Dickel Production, une entreprise de jus de fruits naturels et sans colorants.

© Habibatou Gologo/Banque mondiale

À l’occasion de la Journée internationale des femmes, nous publions tout au long de la semaine une série de portraits de femmes hors du commun qui contribuent chaque jour au développement de leurs pays. Sow Ada et Nantene ont decidé de créer leur propre entreprise pour promouvoir les produits et développer l’emploi féminin. De son côté, Madina veille à ce que toutes ces femmes entrepreneurs aient accès à un réseau électrique de qualité, en tant que chargé du suivi d’un projet d’électrification en zones rurales.

Ada Bocoum Sow, « C’est venu comme un défi… »

Après avoir travaillé 29 ans dans le secteur bancaire, Sow Ada Bocoum décide de se lancer dans la transformation de fruits locaux en 2015. Elle crée Dickel Production qui vend aujourd’hui du jus de fruits à plusieurs enseignes de Bamako.

« Tout est parti d’un voyage à la Mecque où j’ai bu un jus de mangue absolument délicieux,  bien meilleur que les jus que je buvais d’habitude au Mali », explique-t-elle.

C’est donc par défi qu’elle s’est lancée dans la production de jus naturels et sans colorants.

Elle obtient un financement du Programme de compétitivité et diversité agricoles (PCDA) qui lui permet d’acheter 10 000 bouteilles en verre, des machines et des réfrigérateurs.

Pour faire la différence, elle a aussi investi dans des étiquettes au logo particulier afin de personnaliser sa marque. Un an après, en janvier 2016, elle embauche cinq personnes et entame la production de jus qu’elle décline dans 9 parfums, parfois très exotiques : papaye, mangue, fleur d’hibiscus (bissap), pain de singe, gingembre, goyave, fruit de liane, rônier et tamari.

« Une fois par mois, je fais mon marché à Bamako pour sélectionner les meilleurs fruits et ingrédients. Pour le moment, je fais cela de façon artisanale et propose mes jus dans les restaurants et hôtels parce que je dois impérativement récupérer les bouteilles consignées. J’ai également suivi des formations pour être irréprochable sur la qualité, afin de pouvoir me conformer aux normes internationales et exporter par la suite, notamment vers les États-Unis. Mes projets d’avenir ? Je rêve de pouvoir m’offrir un broyeur automatique et un capsuleur pour développer une véritable chaîne de production. Je souhaite aussi devenir un modèle d’entreprise écologique en utilisant des énergies renouvelable et des produits recyclés. C’est vrai que cela a commencé comme un défi, mais maintenant, je veux former les jeunes et contribuer au développement du Mali. »


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Nantene Coulibaly, gérante de Dado Production, une entreprise de transformation de céréales et autres produits locaux. 

© Habibatou Gologo/Banque mondiale

Nantene Coulibaly, la femme aux mille bras

« J’ai choisi d’illustrer ma marque avec le logo d’une femme qui a plusieurs bras, la femme aux milles bras, parce que la femme joue de multiples fonctions dans notre société et s’occupe de beaucoup de choses dans la famille », explique Nantene Coulibaly.

« En juillet 2009, nous avons créé un Groupement d’intérêt économique (GIE). Il a vite évolué au fil des années. Nous transformons principalement les céréales (fonio, maïs et mil), d’autres produits locaux comme l’arachide et, depuis peu, le karité. Nous proposons une gamme de 10 produits et nous nous approvisionnons dans les régions de Sikasso et Ségou pour être livrés à Bamako. Nous sommes intraitables sur la qualité et les délais de livraison. Nos produits sont pour l’instant vendus uniquement au Mali, avec des points de vente à Bamako, et dans les régions de Sikasso et Ségou. Il arrive parfois, que de tierces personnes se ravitaillent auprès de nous et les exportent. Nous produisons par exemple entre cinq et six tonnes de fonio par mois », explique-t-elle.

Nantene emploie essentiellement des jeunes et des femmes. Son désir profond d’aider les femmes maliennes et de mettre son expérience à leur profit, remonte aux années où elle travaillait à la Compagnie malienne pour le développement du textile (CMDT), dans laquelle elle a passé près de 26 ans. Ensuite, l’idée de transformer les produits locaux lui est venue en 1985 lorsqu’elle s’est rendue compte que les producteurs n’arrivaient pas à écouler toute leurs récoltes, faute de clients.

Elle décide donc d’arrêter ce gâchis et de faire d’une pierre deux coups : valoriser les produits locaux et employer des jeunes et des femmes. Son entreprise, Dado Production compte aujourd’hui 20 employés, permanents et saisonniers, dont une majorité de 16 femmes.

 

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Cette jeune maman de 26 ans, suit la mise en œuvre d’un projet d’électrification en milieu rural, financé par la Banque mondiale. © Habibatou Gologo/Banque mondiale

 

Madina Tall, électrifier les zones rurales pour autonomiser les femmes

Pour cette jeune femme de 26 ans, maman d’un bébé de six mois, tout commence en décembre 2014. « J’ai postulé pour un stage de fin d’études à la Banque mondiale, après mon master en développement international. Je n’ai pas été retenue à l’époque mais mon CV est resté dans leur base de données. C’est par la suite qu’ils m’ont contactée pour assurer la coordination entre la Banque et les partenaires techniques et financiers, dans le cadre d’un groupe thématique sur l’énergie. J’ai ensuite été chargée du suivi du projet de Système hybride d’électrification rurale (SHER).

En 2015, j’ai fait partie d’une mission sur l’égalité hommes-femmes, chargée d’évaluer les besoins énergétiques des unités de transformation et de commercialisation (UTC) des produits locaux dans la région de Koulikoro. Ces UTC sont des sources de revenus importantes pour les femmes.

À l’issue de la mission, nous avons entre autres constaté que de nombreuses femmes avaient besoin de cours d’alphabétisation, de formations en gestion et d’équipements. Elles ont notamment besoin de réfrigérateurs pour pouvoir conserver leurs produits ou encore de séchoirs solaires pour la mangue et le fonio (céréale).

Cette mission m’a permis de faire le lien entre mes études et ce que fait la Banque mondiale.

Le projet SHER compte développer une énergie hybride dans 50 localités du Mali. On trouve déjà des mini réseaux installés par des opérateurs privés dans ces zones, mais le projet devrait permettre d'accroître la capacité installée des énergies renouvelables et améliorer la fourniture d’électricité dans les endroits mal desservis.

À terme, cela fera baisser le prix de l’électricité en milieu rural où elle est actuellement trois fois plus chère qu’en milieu urbain.

De plus, les zones ciblées seront couvertes 18 heures par jour au lieu de six. Ce qui sera pour moi une source de fierté car nous avons besoin de développer les zones rurales ».


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