La Banque mondiale en Guinée

Pays côtier d’Afrique de l’Ouest, la Guinée partage ses frontières avec six pays (Guinée-Bissau, Sénégal, Mali, Sierra Leone, Libéria et Côte d’Ivoire). En 2022, elle recensait 13,53 millions d’habitants. Premier employeur du pays, le secteur de l’agriculture joue un rôle clé dans la réduction de la pauvreté et le développement rural : il assure les revenus de 57 % des ménages ruraux et l’emploi de 52 % de la main-d’œuvre.

En plus de ce secteur, les ressources naturelles, mais également les industries de transformation et les services, sont autant d’atouts économiques pour la Guinée. Mais, pour en tirer pleinement profit et accélérer le processus de transformation structurelle, le pays doit améliorer sa gouvernance.

La Guinée tire la majeure partie de ses revenus de l’exploitation minière. L’expérience montre toutefois que l’exploitation minière et l’hydroélectricité peuvent avoir des impacts négatifs directs et indirects sur la biodiversité et l’environnement. Ces risques potentiels devront être soigneusement gérés. Autres grands défis pour la Guinée : le chômage des jeunes et les inégalités hommes-femmes.

Situation politique

Le 13 mars 2024, un nouveau gouvernement a été mis en place deux semaines après la nomination d'un Premier ministre, le troisième depuis le coup d'État de 2021. La formation du nouveau gouvernement intervient après la décision de la CEDEAO au mois de février, de lever les sanctions économiques imposées à la Guinée et d'engager des discussions techniques et consultatives avec les autorités de transition.

Le Premier ministre a indiqué une extension du calendrier de transition initialement convenu avec la CEDEAO, prévoyant un retour à l'ordre constitutionnel en 2025 plutôt qu'en décembre 2024. Cette déclaration n'est pas une surprise pour l'opposition et la société civile, étant donné les retards considérables dans la réalisation des points clés de la transition, notamment l'obtention de 600 millions de dollars nécessaires pour financer les 10 points prioritaires, entre autres le recensement de la population pour extraire le fichier électoral et la publication d'un projet de constitution. Toutefois, l'opposition continue d'exiger du gouvernement qu'il s'engage à achever toutes les élections d'ici à la fin 2024 dans un processus inclusif.

Le président s'est engagé, lors de son discours de fin d'année, à organiser un référendum sur la nouvelle constitution en décembre 2024. Le Premier ministre Oury Bah et son gouvernement se sont engagés à renouer avec tous les acteurs sociopolitiques dans le cadre d'un dialogue inclusif pour le retour à l’ordre constitutionnel.

Situation économique

• la croissance a accéléré en 2023 pour atteindre 7,1 %, soutenue par les bonnes performances du secteur minier ;
• pour la même année, l'inflation est estimée à 9,3 %, en baisse par rapport à 2022 (11,6 %), grâce à la stabilité des coûts de transport et à une politique budgétaire et monétaire prudente ;
• le déficit budgétaire global (y compris les dons) s'est creusé pour atteindre 1,6 % du PIB en 2023, contre 0,9 % en 2022. Toutefois, les recettes sont restées faibles, à seulement 11,8 % du PIB. Les recettes de l'impôt minier sont restées stables, à 2,0 % du PIB ;
• les subventions au secteur de l'électricité ont diminué, passant de 2,8 % du PIB en 2021 à 1,9 % en 2022. Dans le même temps, l'État a augmenté ses dépenses en capital à 1,41 % du PIB, soit plus qu'en 2021 ;
• la dette publique a légèrement diminué, passant de 36,7 % du PIB en 2022 à 35,5 % en 2023, en raison du remboursement des obligations contractées sur le marché domestique et de la dette titrisée.

Les incertitudes entourant la transition politique pourraient ralentir la mise en œuvre des réformes. En particulier, les retards dans les réformes visant à renforcer la gouvernance et les performances financières de la compagnie d'électricité pourraient réduire les investissements privés et les dépenses dans les programmes sociaux. Dans ce contexte, le gouvernement aurait intérêt à accroître la mobilisation des recettes intérieures, à approfondir la réforme du secteur de l'électricité et à étendre les mesures de santé et de protection sociale.

Dernière mise à jour: 08 avr. 2024

Le programme de la Banque mondiale en Guinée s’intègre dans le Cadre de partenariat pays (CPP) couvrant la période 2018-2023, présenté au Conseil des administrateurs, le 7 juin 2018. Ce CPP s’est inspiré du diagnostic-systématique de pays (DSP) réalisé en 2017, qui a permis d’identifier les contraintes clés à l’élimination de l’extrême pauvreté et de favoriser la prospérité partagée d’une manière socialement et économiquement durable.

Le CPP soutient la mise en œuvre du Plan national de développement économique et social (PNDES) 2016-2020 de la Guinée. Révisé en juin 2021 pour tenir compte des changements intervenus depuis 2018, il a consigné les progrès réalisés, les retours d’expériences, et les ajustements majeurs au programme, y compris les réponses multiformes à la pandémie de la COVID-19. Il traduit également l’engagement du Gouvernement guinéen à atteindre les 17 objectifs de développement durable (ODD) fixés par les Nations Unies et à honorer ses responsabilités et priorités relatives à l’atténuation et à l’adaptation aux changements climatiques.

Dans ce contexte, le CPP articule l’appui au PNDES autour de trois axes prioritaires : i) gestion des ressources budgétaires et naturelles ; ii) développement humain ; et iii) productivité agricole et de la croissance économique. En outre, la note d'engagement pays (NEP) est en cours d’élaboration. Elle prendra en compte les priorités de développement définies dans le Programme de référence intérimaire (PRI) 2022-2025 qui repose sur les cinq axes que sont : i) la rectification institutionnelle ; ii) le cadre macroéconomique et financier ; iii) le cadre légal et la gouvernance ; iv) l’action sociale, l’emploi et l’employabilité des jeunes ; et v) les infrastructures, la connectivité et l’assainissement.

La Banque mondiale a un portefeuille actif de 20 projets d’investissements pour un engagement total de 1,181 milliard de dollars américains et est reparti comme suit : 12 projets nationaux et 8 projets régionaux. En mars 2024, le solde non décaissé s’élève à 778 millions de dollars, soit 66 % de l’engagement total.

En termes d'engagements futurs, quatre projets visant à améliorer i) l'accès à l'eau potable et à l'assainissement dans le Grand Conakry ; ii) la résilience climatique, la sécurité alimentaire et la pêche ; iii) l'éducation secondaire des jeunes filles ; et iv) l'amélioration de l'accès à l'électricité, pour un montant estimé à 550 millions de dollars, sont prévus pour les 2 prochaines années. La Guinée est également considérée comme faisant partie d'un projet régional sur le développement, la résilience et la valorisation de l'eau pour l'Afrique de l'Ouest.

Des discussions ont également été entamées entre le Gouvernement guinéen et la Banque mondiale concernant un éventuel réengagement de l'aide budgétaire. La matrice des réformes qui devraient soutenir cet appui budgétaire est en cours de finalisation par le gouvernement et les équipes techniques de la Banque mondiale.

Dernière mise à jour: 08 avr. 2024

Voici quelques-unes des avancées obtenues par des projets financés par la Banque mondiale : 

 Renforcement des systèmes sanitaires

1. Renforcement des services de santé reproductive, maternelle et infantile

En Guinée, le bien-être des mères et des enfants est depuis longtemps reconnu comme une priorité absolue. Le pays a reçu une aide substantielle en 2018, lorsque la Banque mondiale a lancé le Projet de renforcement des services et des capacités de santé (PRSCS). L'objectif principal de cette initiative était d'améliorer l'utilisation et l'accessibilité des services essentiels de santé reproductive, maternelle, néonatale et infantile dans les régions de Kankan et de Kindia. Les indicateurs clés ont montré des progrès significatifs, notamment avec l’augmentation du nombre de naissances assistées par du personnel de santé qualifié ; l’augmentation du nombre de femmes enceintes bénéficiant d'au moins quatre visites prénatales ; une plus grande couverture des enfants de 0 à 11 mois complètement vaccinés ; des taux plus élevés de femmes ayant accès à des méthodes contraceptives modernes ; et une augmentation notable du nombre d'enfants de 6 à 11 mois recevant des suppléments vitaminiques tous les six mois.

Grâce au financement du projet, les établissements de santé ont été dotés de fournitures et d’équipements médicaux nécessaires. Un programme de formation complet a été mis en œuvre au profit de 400 agents de santé qui sont désormais mieux équipés pour fournir des soins de qualité.

Il a également permis de renforcer le personnel de santé. Grâce aux efforts de recrutement, 232 agents de santé communautaires et 2 351 relais communautaires ont été engagés pour servir directement ces communautés, comblant ainsi le fossé en matière d'accès aux soins de santé.

Un processus de ciblage méticuleux a permis d'identifier 162 729 indigents qui bénéficient désormais d'un accès gratuit aux services de santé essentiels.

En outre, le PRSCS a adopté des pratiques durables en mettant en place des systèmes d'approvisionnement en eau alimentés par l'énergie solaire pour les établissements de santé dans les régions ciblées.

2. Améliorer les systèmes de surveillance des maladies en Afrique occidentale et centrale

Les conséquences de l'épidémie d'Ebola de 2014-2016 en Afrique de l'Ouest ont mis en lumière le besoin urgent de systèmes de santé résilients et de réponses rapides aux crises sanitaires. Le Projet régional pour l'amélioration des systèmes de surveillance des maladies en Afrique de l'Ouest (REDISSE) a été lancé en 2017 pour soutenir les infrastructures de santé de la Guinée et se préparer aux futures urgences sanitaires.

À travers le Réseau de Surveillance des Maladies Animales (REMAGUI), le projet a favorisé la collaboration intersectorielle par le biais de la plateforme innovante " One Health " et a équipé le système de laboratoire en achetant des équipements et des fournitures essentiels. L'investissement dans les ressources humaines est tout aussi important, puisqu'il a permis d'offrir divers programmes de formation et de soutien. En conséquence, la Guinée peut désormais se targuer de disposer d'une masse critique d'épidémiologistes de terrain dévoués et prêts à détecter et à gérer efficacement un large éventail de maladies épidémiques, notamment, Ebola, Covid-19, la fièvre de Lassa, Marburg, la grippe aviaire, la rage et bien d’autres.

Accès à l’électricité

Actuellement, le portefeuille énergétique s'élève à 154 millions de dollars. Il comprend un projet d'investissement national : le projet d'extension de l'accès à l'électricité en Guinée (50 millions de dollars et 50 millions d'euros de financement parallèle de l'AFD). Le portefeuille régional est composé du projet d'interconnexion Guinée-Mali (75 millions de dollars) et du projet d'interconnexion régionale de l'Organisation pour la mise en valeur du fleuve Gambie (OMVG) [29 millions de dollars]. Le portefeuille actuel comprend la deuxième phase du projet d'accès prévu dans le cadre de l'IDA 21. Le montant indicatif alloué est de 150 USD. Ces projets cherchent à soutenir les efforts des autorités guinéennes pour augmenter l'accès à l'électricité, qui est actuellement de 46 % ; à améliorer la performance opérationnelle et financière du secteur de l'énergie ; à soutenir les réformes visant à réduire les subventions canalisées vers le secteur de l'énergie ; à aider la Guinée à se positionner en tant qu'exportateur d'énergie dans la sous-région à travers les interconnexions régionales OMVG, CLSG et Guinée-Mali.

Appui à la sécurité alimentaire

Au cours de la période 2018-2023, le Projet de développement agricole intégré de Guinée a autonomisé les agriculteurs locaux en les dotant d’outils et de connaissances nécessaires afin d’améliorer leurs pratiques agricoles. Les principales stratégies employées ont été la diffusion de kits d'innovation comprenant des semences à haut rendement et l’amélioration des systèmes d'irrigation. En outre, les femmes et les jeunes ont été formés et encadrés pour accéder au financement de la création d'emplois, ce qui a permis d'augmenter les revenus des bénéficiaires. Le projet a également mis l'accent sur l'adoption de technologies numériques favorables au climat et sensibles aux questions de genre chez les producteurs locaux.

Plus de 149 000 agriculteurs ont bénéficié du projet, les femmes représentant 38 % et les jeunes 30 % de ce groupe. L'impact a permis d'augmenter de 30 % le rendement du riz et du maïs, de 42 % les ventes de produits de base et de couvrir 47 470 hectares avec des technologies agricoles améliorées. Plus de 97 000 personnes ont adopté ces pratiques améliorées, ce qui a conduit à des améliorations tangibles de leurs moyens de subsistance. En outre, le projet a joué un rôle essentiel dans la création d'emplois, en générant plus de 2 000 opportunités d'emploi pour les femmes et les jeunes.

Accès à l’éducation préscolaire et primaire

Le Projet pour les résultats au préscolaire et à l’enseignement fondamental (PRePEF) a permis l’amélioration de l’accès, l’équité et la qualité des apprentissages au préscolaire et primaire, notamment :

• la construction et l’équipement des 361 salles de classe préprimaire ont permis d’inscrire plus de 4 000 enfants de moins de 6 ans ;
• l’élaboration et la validation du document politique nationale sur le préscolaire ;
• le recrutement décentralisé de 18 000 enseignants du préscolaire et primaire ;
• le projet a formé 784 éducateurs du préscolaire qui seront chargés de tenir les nouvelles salles de classe.

Dernière mise à jour: 08 avr. 2024

Aux côtés de la Banque mondiale, les autres principaux bailleurs de fonds actifs en Guinée sont : la Banque africaine de développement, l’Union européenne, la Banque islamique de développement, l’Agence française de développement et l’USAID.

Les Nations Unies coordonnent des interventions visant à réformer la sécurité. La Guinée bénéficie aussi dans ce domaine d’une aide bilatérale et du soutien de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest et de l’Union africaine. Les agences relevant des fonds et programmes des Nations Unies restent tout aussi actives dans la mise en œuvre et l’accompagnement de la Guinée pour se conformer à ses engagements internationaux de développement.

L’USAID apporte une contribution décisive pour la mise en place d’institutions démocratiques, complétant le travail de l’Union européenne, qui a pris la direction des activités destinées à soutenir l’appareil judiciaire.

Les nouveaux partenaires de développement — plusieurs pays arabes, la Chine, le Brésil, la Russie et l’Inde privilégient les secteurs dans lesquels le pays dispose d’un avantage comparatif, à savoir les mines et l’agriculture, ou ceux où des partenariats public-privé pourraient se transformer à brève échéance en activités à capitaux strictement privés.

Dernière mise à jour: 08 avr. 2024